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Gwen Pennarun

Dernière mise à jour : juin 2023

 

 

Gwen Pennarun 

Président de l’association des ligneurs de la Pointe de Bretagne

 

« Nous étions précurseurs. Valorisation de la qualité, circuit court, aujourd’hui on en parle beaucoup. À l’époque nous étions peu à en parler, nous étions dans le sens du vent, dans le vrai…  »

 

 

« J’ai toujours voulu exercer le même métier que mon père. Enfant, j’allais l’attendre le soir au port, à son retour de pêche. Mes parents m’ont poussé à poursuivre mes études jusqu’au BAC, mais dès que j’ai pu, j’ai acheté mon premier bateau, un an après mon diplôme. Cette passion ne m’a jamais lâché. » Gwen Pennarun est pêcheur depuis 1983, à Sainte-Marine, à l’embouchure de l’Odet, dans le Finistère, en face de l’archipel des Glénan. Passionné par son métier et par la mer, Gwen pêche depuis toujours le bar, à la ligne et l’hameçon. Il pêche également le lieu jaune et la raie, à la palangre, en deuxième partie de l’année.

 

Poissons de ligne

Les ligneurs de la Pointe Bretagne travaillent ensemble depuis plus de 30 ans afin de mieux valoriser leurs produits. Confrontés dès les années 90 à la montée en puissance progressive de l’aquaculture méditerranéenne et à l’arrivée de grands chalutiers sur leurs pêcheries traditionnelles, les ligneurs décident de se démarquer auprès du consommateur en identifiant leurs poissons avec un marquage individuel, à vocation commerciale. Grâce à cette étiquette fixée à l’ouïe du poisson, le consommateur sait qui a pêché le poisson, où et comment.

Pour Gwen, cette démarche a été un vrai succès, une victoire. « Nous étions précurseurs. Valorisation de la qualité, circuit court, aujourd’hui on en parle beaucoup. À l’époque nous étions peu à en parler, nous étions dans le sens du vent, dans le vrai… ».

 

Repos biologique

« Les ligneurs veulent certes gagner leur vie, mais en ayant une démarche de respect vis-à-vis des animaux et de la nature. Ne rien prendre à la mer qu’elle ne veuille nous donner ».

Ainsi, le collectif a souhaité aller plus loin en mettant en place ses propres mesures de gestion : arrêt biologique de 45 jours non indemnisés pendant la période de frai, en début d’année.

« Nous sommes 80 ligneurs membres de l’association, répartis sur la côte bretonne. Des jeunes nous rejoignent, c’est encourageant. Cela fait des années que l’on se bat, en s’imposant ce repos biologique pour le bar, que l’on dit qu’il ne faut pas aller sur les frayères en début d’année lorsqu’il se reproduit. Espèce non soumise à quota, le bar a été pêché sans limite. Des bateaux de grande capacité en ont beaucoup profité. Nous avons dû lancer un plaidoyer aux grandes enseignes de la grande distribution en 2017, pour se faire entendre et leur demander de suspendre la vente du bar au moment de la reproduction. »

 

Pêche artisanale

« La cohabitation entre les pêcheurs industriels et les pêcheurs artisans n’est pas simple. La zone côtière est une zone très riche en ressources, c’est la zone la plus convoitée. Autrefois, c’était le terrain réservé à la pêche artisanale, à la petite pêche, mais il est de plus en plus convoité par les gros navires, qui jusqu’à encore quelques années pêchaient beaucoup plus loin des côtes. L’accès à la ressource doit être équitable. Il est important de veiller à une meilleure répartition des captures entre les différents métiers. Certaines zones devraient être interdites à certains bateaux. Il est important que la gestion soit adaptée à la dimension de la flotille et soit basée sur de bonnes pratiques.

Cela fait plus de 30 ans que l’on se mobilise mais il faut continuer. Les prochains défis restent à mieux faire reconnaître la pêche artisanale qui est encore mal représentée aux sein des différentes instances, même si les choses ont commencé à bouger ces dernières années.

On y croit mais ce n’est pas encore gagné. Il faut continuer à se battre. Le temps nous donne raison. Les idées et les mentalités changent. »